Le contrat de concession du Rhône entre l’État et CNR, renouvelé par la loi relative à l'aménagement du Rhône de février 2022 prévoit un programme de travaux de 500 millions d’euros dont l’étude d’opportunité et la réalisation éventuelle d’un nouvel aménagement hydroélectrique sur le Rhône entre l’Ain et l’Isère. Baptisé Rhônergia, ce projet a fait l'objet d'une concertation préalable du 1er décembre 2023 au 29 février 2024.

Pourquoi un projet d’aménagement hydroélectrique sur le Rhône ?

La France s’est engagée à sortir des énergies fossiles pour atteindre la neutralité carbone en 2050. Cela passera par l’efficacité énergétique, par la sobriété et par l’électrification de tous les usages qui peuvent l’être, par exemple dans l’industrie, la mobilité et le chauffage. La consommation d’électricité va ainsi augmenter et le développement de nouveaux moyens de production bas-carbone est une nécessité.

Deuxième source d’énergie renouvelable en France, l’hydroélectricité constitue une filière importante pour le système électrique français, dont elle contribue à sécuriser et équilibrer l’approvisionnement. L’État souhaite en moderniser les équipements tout en répondant aux exigences accrues en matière de sécurité et d’environnement. L’ambition est également de favoriser l’exploitation du gisement résiduel là où c’est pertinent.

C’est pourquoi l’État a demandé à CNR d’étudier l’opportunité d’un projet de 20e aménagement hydroélectrique sur le Rhône, entre l’Isère et l’Ain. Ce secteur identifié à potentiel de production hydroélectrique est inclus dans le périmètre de la concession. 

Qui sont les acteurs du projet ?

Le projet Rhônergia est mené par CNR, sous l’égide du ministère de la Transition énergétique, autorité concédante. RTE est associé au projet pour la réalisation d’un raccordement au réseau public de transport d’électricité.

Les fondamentaux

L’aménagement se situerait en amont de la confluence du Rhône et de l’Ain, entre les communes de Saint-Romain-de-Jalionas (38) et Loyettes (01). Il viendrait compléter les 18 centrales au fil de l’eau exploitées par CNR tout au long du Rhône, ainsi que le barrage-centrale de Génissiat, aménagement de moyenne chute. Il comprendrait :

  • un barrage de basse chute ;
  • une usine de production d’électricité ;
  • un ouvrage permettant le franchissement des poissons ;
  • une reprise du lit du fleuve en amont et en aval du barrage, sur environ 26 kilomètres, afin notamment de constituer une chute d’eau de faible hauteur (6 m) et une retenue d’environ 20 millions de m;
  • une digue d’environ 4 kilomètres en amont du barrage-usine sur la rive droite ;
  • une ligne électrique souterraine à 63 000 volts d’environ 4,5 km pour raccorder l’aménagement au réseau de transport d’électricité.

Cet aménagement représenterait un investissement de 330 M€ (selon les estimations de 2023). Avec une puissance avoisinant 40 MW, il produirait environ 140 GWh/an en moyenne. Cette production supplémentaire d’électricité décarbonée couvrirait la consommation électrique annuelle de 60 000 habitants (hors chauffage). Pour atteindre une production équivalente à Rhônergia, il faudrait installer soit 25 éoliennes de 3 MW, soit une centaine d'hectares de panneaux photovoltaïques.

Où en est le projet ?

Des études de faisabilité sont en cours pour recueillir toutes les données techniques nécessaires à la conception initiale et à l'environnement local (hydraulique, géotechnique, faune et flore...) mais aussi pour alimenter le dialogue territorial avec les différents acteurs locaux.

Cette phase de collecte de données d'entrée a permis d'alimenter la procédure réglementaire de concertation préalable sous l'égide de la commission nationale du débat public ouverte du 1er décembre au 29 février 2024.

Compte tenu des premières études engagées par CNR et des enseignements de la procédure de participation du public, l’État prendra position mi 2024 quant à la poursuite du projet. Le cas échéant, il définira ses conditions de réalisation pour une mise en service de l'ouvrage en 2033 au plus tard, dans un délai de 11 ans maximum à compter de l'entrée en vigueur de la loi relative à l'aménagement du Rhône.

Les dates clés du calendrier prévisionnel

  • Février 2022

    LOI AMÉNAGEMENT DU RHÔNE
    Prolongation de la concession du Rhône et mise à l'étude d'un projet de nouvel aménagement hydroélectrique en amont de la confluence du Rhône et de l'Ain.

  • Mi-2022

    DÉMARRAGE DES ÉTUDES DE FAISABILITÉ DU PROJET
    Réalisation des premières études et investigations de terrain afin d'identifier les paramètres représentatifs et structurants du projet.

  • 2023

    PARTICIPATION DU PUBLIC
    Information et participation du public garanties de manière réglementaire par la Commission Nationale du Débat Public (CNDP).

  • 2024

    BILAN DES GARANTS ET POSITIONNEMENT DE L'ÉTAT
    Publication du bilan des garants à la suite de la concertation préalable. Arbitrage par l'État sur l'opportunité du projet au vu de l'ensemble des arguments objectifs et contextualisés réunis lors des phases d'études et de concertation.

  • ...

    SI LE PROJET EST POURSUIVI, ÉTUDES ET AUTORISATIONS
    Réalisation des études détaillées du projet, puis demandes d'autorisations nécessaires au démarrage des travaux aux autorités compétentes par CNR.

  • 2033

    LE CAS ÉCHÉANT, RÉCEPTION DE L’OUVRAGE
    Mise service dans un délai, fixé dans le cadre de la concession, à 11 ans maximum à compter de l’entrée en vigueur de la loi Aménagement du Rhône.